Les amis de l'échoppe

Edouard Mortier, producteur de légumes bio, Haute-Loire

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C’est à un jet de pierre de la « petite Limagne » du bassin langeadois, en Haute-Loire, et plus précisément à Francon, le long du ruisseau de Peyrusse, qu’Edouard Mortier, producteur de légumes bio, a installé sa ferme. Véritable projet de vie, le pari était osé quand il a démarré son exploitation il y a une vingtaine d’année. Aujourd’hui, avec tout le soutien de sa famille et notamment de sa compagne, Marion, sans qui rien n’aurait été possible, Edouard fait désormais partie du paysage et continu de proposer des légumes frais, beaux et bio sur les marchés du Haut-Allier, en Haute-Loire. Pour lui, il est primordial que ses légumes donnent envie, loin des idées reçues qu’un produit bio est forcément moche et ratatiné. En bio il est tout à fait possible de faire de belles et bonnes choses, la ferme de Francon en est la parfaite illustration.

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Quels légumes bio d’Auvergne chez notre producteur Edouard Mortier ?

Loin de l’exubérance de l’étal de beaucoup de grandes surfaces, qu’elles soient bio ou pas, notre producteur de légumes bio ne recherche pas forcément l’originalité. Au contraire, Edouard s’attache à produire des légumes bio variés de consommation courante, ceux dont les gens ont besoin et qui sont adaptés à nos milieux. Ajoutés à ça quelques variétés cultivées surtout pour satisfaire les papilles de notre maraicher, et de sa famille, et vous obtenez la production de la ferme de Francon. L’objectif étant de permettre aux consommateurs de se nourrir sainement, tout simplement. En tout c’est environ une quarantaine de variétés différentes qui sont cultivées sur les terres de la ferme bio.

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La ferme bio de Francon, en Haute-Loire, une longue histoire d’adaptation à son milieu

A l’origine en 2003, la ferme de Francon était un « gros jardin » dont la culture demandait beaucoup d’énergie.

C’est la rencontre avec Jean-Pierre, un très bon jardinier et producteur de fromages de chèvres (avec le lait de son troupeau), qui a permis à Edouard de s’initier à l’agriculture et de construire une exploitation agricole bio sur des bases solides.

De 2000m² au début, puis 3000m², les productions de légumes bio ont occupé jusqu’à 1,3 hect. Aujourd’hui, la surface exploitée est d’environ 8000 m² dont 1500m² de serres. Cette réduction s’est accompagnée d’une meilleure valorisation de l’espace.

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Il a fallu intensifier, mais correctement, au sens noble du terme. Tout d’abord, notre producteur de légumes bio a dû être plus efficace et productif et n’a pas eu d’autre choix que de monter en compétences. Être plus attentif, connaitre et comprendre le sol, son fonctionnement, les associations de plantes ainsi que le rôle des auxiliaires notamment, ces ennemis naturels des ravageurs de culture, est indispensable pour une meilleure utilisation du foncier et un choix de légumes à planter appropriés.

Intensifier ensuite en densifiant les cultures, en laissant moins d’espaces libres entre les rangs, obligeant notre agriculteur altiligérien à travailler de plus en plus manuellement. Là où avant il pouvait biner au tracteur, avec des rangs espacés en fonction de l’écartement des roues de la machine, aujourd’hui ce n’est plus possible. Par exemple, Edouard alterne le céleri-rave et les oignons des cévennes avec des pieds de mini-blettes entre les rangs pour gagner de l’espace.

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Toutefois, et malgré toutes les précautions qu’il peut mettre en œuvre, il peut arriver qu’une maladie, ou qu’un insecte « ravageur », mettent en péril une partie de sa production. Quand cela arrive, Edouard, qui établit très peu de diagnostics, préfère, le plus souvent, subir la perte de sa récolte plutôt que d’avoir recours aux quelques produits autorisés par le label bio « AB » dont bénéficie son exploitation. Sinon, lorsqu’il y est contraint, son choix se porte toujours sur le produit autorisé le moins impactant pour l’environnement et dont le spectre d’action est le moins large possible. En somme, il nous explique préférer appliquer toute une batterie de bonnes pratiques pour éviter d’y avoir recours et qu’il est beaucoup plus à l’aise avec la prévention qu’avec le soin.

Edouard, qui établit très peu de diagnostics, préfère, le plus souvent, subir la perte de sa récolte plutôt que d’avoir recours aux quelques produits autorisés par le label bio « AB » dont bénéficie son exploitation.

Enfin, si notre producteur de légumes nous explique que l’environnement devient de plus en plus hostile à la production, avec les problèmes liés à la ressource en eau et toutes les contraintes météorologiques notamment, comme les « à-coups » climatiques beaucoup plus difficiles à prévoir, la clientèle, fidèle, lui permet de continuer de tirer son épingle du jeu.

« C’est une belle réponse à ceux qui disent qu’en bio il est impossible de nourrir tout le monde. Tous les producteurs devraient faire moins et mieux, mieux occuper le sol et s’adapter au milieu plutôt qu’à la machine » 

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Producteur de légumes bio en Auvergne, de la restauration au maraîchage

Issu de la restauration, Edouard, qui a travaillé dans une précédente vie de nombreuses années dans divers restaurants, des établissements classiques aux gastronomiques, était assistant-manager en restauration « commerciale » dans un géant de la grande distribution du Sud de la France lors de son dernier emploi salarié. Autrement dit, hormis le lien avec la nourriture, avec l’envie qu’il avait de continuer à offrir des produits de bouche de la meilleure qualité possible à ses clients, rien ne le prédestinait à devenir maraîcher.

C’est le besoin de changer de vie, de revenir à des choses plus essentielles, à la terre, tout en conservant ce lien, qui lui a ouvert le chemin.

La découverte du monde agricole, son « initiation » à l’agriculture, s’est donc effectuée sur le tard, à travers une formation pour adultes au Lycée Agricole de Brioude-Bonnefond.

Ensuite, outre son mentor, Jean-Pierre, qui lui a prodigué, et lui prodigue encore, de nombreux conseils avisés, Edouard a également intégré un groupe de maraichers bio, la Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique ou la FRAB AURA.

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Cette association permet, entre autres, de favoriser tous types d’actions pour le développement de l’agriculture biologique, comme des formations par exemple. Elle donne également un espace de paroles et d’échanges très utiles pour progresser, pour tirer tout le monde vers le haut.

Au final, et avec l’aide indéfectible de sa compagne, il aura fallu 6 ans à Edouard pour commencer à vivre décemment de sa ferme. C’était un défi pour lui, quelque chose de très important que d’arriver à gagner sa vie décemment avec son activité. Il est également très fier de pouvoir montrer que son modèle agricole fonctionne, que l’on peut garder des gens à la campagne, sur de petites exploitations, et satisfaire les besoins de la population locale avec des produits sains, contribuant ainsi à faire évoluer les mentalités dans le bon sens.

Aujourd’hui, Edouard le maraicher, qui a su, à force de travail et de relationnel, gagner la confiance de sa clientèle, écoule l’essentiel de sa production sur deux marchés qui fonctionnent très bien, à Langeac (mardi et jeudi matin) et Brioude (samedi matin). Vous pouvez également trouver les produits de la ferme bio de Francon à « L’épinette », une boutique de producteurs située à Langeac.

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Maraicher bio en Haute-Loire, une reconversion professionnelle réussie, le coup de cœur de Francon

Installés dans la vallée depuis le tout début du millénaire, Edouard, Marion, et quelques proches, sont à l’origine du projet « Francon ». Sur ce lieu collectif, pour lequel tous avaient eu  un véritable coup de cœur, devait voir le jour plusieurs activités. De l’élevage de brebis à la ferme-auberge, en passant par une activité équestre et le maraîchage, toute cette joyeuse bande, animée par la même volonté de « changer de vie », devait contribuer à sa manière à faire vivre le hameau. 20 ans après, le bêlement des brebis ne résonne pas dans la vallée, mais, à la faveur du silence matinal, juste avant que la nature ne s’éveille, nous pouvons quand même entendre les légumes pousser…

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En effet, si au final les hasards de la vie ont un peu chamboulé le programme initialement prévu, la ferme maraîchère d’Edouard a belle et bien vu le jour en 2003. Peut-être qu’au départ les autochtones les trouvaient sûrement un peu « excentriques » de s’installer en tant qu’agriculteur bio, mais ils ont réussi à faire leur place dans la vallée, démontrant, en étant toujours là après vingt ans, que ce n’était pas qu’une lubie.

Aujourd’hui, Edouard, qui n’imaginait pas travailler autrement qu’avec la dimension écologique qui caractérise la ferme bio de Francon, avec l’idée que l’on peut produire proprement, témoigne de l’évolution positive des mentalités sur le bio dans la vallée. Il constate également que certains agriculteurs alentours font la démarche de se convertir à l’agriculture biologique et ne manque pas de saluer cette démarche, d’autant plus compliquée à amorcer, d’après lui, lorsque l’on est issu d’une famille d’agriculteurs. Avec beaucoup d’humilité, il aime également à penser que la pérennisation de son activité contribue, à sa manière, à démontrer que cette voie n’est pas illusoire et aide, peut-être, certains de ses confrères à franchir le cap.

« Malheureusement, certains vont dans le bio pour de mauvaises raisons, dans le bio « capitaliste ». Mais, si au final, dans 15 ans, il n’y a que du bio dans les supermarchés ce sera déjà bien, les supermarchés existeront toujours… », nous explique-t-il. En effet, il y aura toujours des personnes qui feront des choses exceptionnelles, avec une vraie responsabilité et il y aura aussi des gens qui continueront à fonctionner avec une logique capitaliste. 

C’est une étape, même s’il faudrait que ce soit plus éthique, c’est possible. L’agriculture pourrait même devenir l’un des premier « stockeur » de carbone et peut-être équilibrer le bilan de la pollution dans le bon sens

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Edouard Mortier et la ferme de Francon, un producteur de légumes bio au cœur de son marché, au cœur de la vallée du Haut-Allier

A l’origine, la ferme d’Edouard aurait pu voir le jour un peu n’importe où, puisque l’arrivée à Francon relève plus du concours de circonstances que du choix délibéré. En effet, c’est simplement parce que l’un des membres du groupe originel a trouvé un travail dans la vallée que le reste de la troupe, qui est tombé sous le charme de l’endroit, a suivi. Mais si cette installation tient surtout du hasard, il n’y a aujourd’hui aucun regret dans ce choix pour s’installer.

La Ribeyre, correspondant à la partie de la vallée du Haut-Allier en aval de Langeac et le langeadois dans son ensemble, constituent, pour Edouard, un endroit charmant et très vivant. Quand les gens viennent ici, ils trouvent l’endroit assez dynamique et gai. La population, assez hétéroclite, ajoutée à un tissu associatif caractérisé par beaucoup de projets alternatifs contribuent, à ses yeux, à créer une ambiance plutôt sympa. Enfin, Le climat, plutôt clément, ne semble pas étranger à cette bonne humeur ambiante.

Ici, la ferme de Francon est au cœur de son marché. Pour Edouard, être là pour les gens, être quelqu’un qui compte pour eux, en tant que producteur de légumes bio de qualité, est quelque chose de très gratifiant. Avoir les deux pieds dans le territoire, notamment en étant présent sur les marchés, est indispensable pour lui et ajoute à cette convivialité, à cette proximité.

Enfin, depuis juillet 2007, avec d’autres producteurs qui partagent le même respect pour la préservation et la sauvegarde de nos milieux naturels, Edouard a créé une boutique de producteurs à Langeac : L’épinette.

Ouverte le mardi et le jeudi matin, jour de marché, et les mercredi et vendredi après-midi, vous avez la possibilité d’y retrouver les productions d’Edouard ainsi que de nombreux autres produits locaux.

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