Jardins de Nicolas, fruits, légumes, aromatiques
Il fait déjà chaud en cette fin de printemps. Je suis installé à l’ombre d’un cerisier, et, malgré un vent relativement soutenu, j’ai du mal à me rafraîchir. Si je tends l’oreille, J’arrive à entendre la rivière dans laquelle un mince filet d’eau laisse entrevoir un avenir compliqué pour les quelques truites qui y vivent encore. L’homme, à travers ses différents usages, industriels, agricoles, ou encore domestiques, met à mal cette ressource pourtant indispensable à sa survie autant qu’à celle des poissons.
Sur la rive droite de ce cours d’eau, je me trouve dans ce qui ressemble à une oasis au milieu du désert, un îlot de verdure perdu en plein cœur d’un océan de béton, comme une bouffée d’oxygène qui démontre qu’une agriculture respectueuse de l’environnement est possible, que la mise en valeur des sols est compatible avec la préservation de la biodiversité.
Cette rivière, qui descend du plateau des Dômes, c’est l’Artière, et je suis dans les Jardins de Nicolas, à Beaumont dans le Puy-de-Dôme, à quelques encablures de la place de Jaude, vaste étendue aussi aride qu’artificielle malgré la présence d’un geyser (sic), du centre de Clermont-Ferrand.
Dans son jardin, Nicolas Rouchon-Roche, maraîcher bio, semble être en symbiose avec son environnement et pratique une agriculture respectueuse et douce, presque artistique, à l’origine de compositions maraîchères magnifiques, à voir, et à goûter…
Le Jardin de Nicolas, Fruits, légumes et plantes aromatiques
Cette phrase, à elle seule, pourrait résumer la philosophie de notre jardinier : tout mettre en œuvre pour avoir des produits de la meilleure qualité possible, pour nous comme pour lui, même si, parfois, tout mettre en œuvre revient à ne rien faire.
Par exemple, quoi de mieux, d’après lui, que de laisser les ronces envahir une partie de son terrain pour bénéficier des meilleures mûres possibles ?
Pour notre maraicher, utiliser des méthodes vieilles de plusieurs millénaires, à l’image de ce que faisaient nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, composer avec la nature, est tout aussi important que d’acquérir des compétences techniques, comme sur la microbiologie du sol par exemple. Nicolas est un touche-à-tout qui agit surtout en fonction de ses envies et de ses recherches, mais qui demeure habité par la motivation de tout faire pour nous aider à mieux manger.
Comme une constante, c’est cette ambition, sur laquelle nous reviendrons un peu plus tard, qui l’a conduit à mettre en valeur ce petit bout de terre semée, naturellement ou pas, de plantes, de fleurs, de fruits et de légumes aussi variés que savoureux.
Nicolas Rouchon, le jardinier influenceur…
Outre la production de fruits et légumes, régulièrement sublimés par les chefs de plusieurs adresses de renom de l’agglomération clermontoise, tel que le restaurant Smørrebrød notamment, Nicolas anime également plusieurs pages dédiées à sa passion sur les réseaux sociaux dont Les Jardins de Nicolas.
Ceci, bien qu’assez incongru pour quelqu’un qui se qualifie relativement facilement d’ours des cavernes, reflète tout à fait la personnalité de Nicolas pour qui le partage des connaissances semble (presque) aussi important que la nature, le respect de la biodiversité où la gastronomie.
Nicolas Rouchon partage et transmet ses connaissances
C’est cette volonté de transmettre ce savoir, qui, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, l’a tour à tour conduit à devenir formateur pendant plusieurs années à Marmilhat et à réfléchir à créer un jardin pédagogique, amené à créer des pages sur les réseaux sociaux suivies par plusieurs milliers de personnes mais également poussé à se réfugier dans son jardin, submergé par les tâches administratives aussi nombreuses qu’inutiles inhérentes au métier de formateur.
Aujourd’hui, avec son jardin, Nicolas allie plusieurs de ses passions et, pour le plus grand bonheur des quelques chanceux qui ont accès à ses produits, met toutes ses compétences au service de la gastronomie auvergnate.
Le parcours professionnel de Nicolas le jardinier
La première fois que j’ai rencontré Nicolas, il était en formation d’accompagnateur-guide de pêche dans le Cantal. Déjà, il profitait de son temps libre pour arpenter le massif cantalien, sur les planèzes de Trizac, admiratif devant la beauté de la vallée du Falgoux et des Monts du Cantal, tels que le Puy Violent ou le Puy Mary qui dessinent l’horizon de ces paysages.
De ces pérégrinations, il revenait toujours émerveillé par l’abondance des fleurs rencontrées sur son chemin, nous apprenait à reconnaître le plantain, dont les vertus pouvaient nous être très utiles, ou encore nous décrivait le lis Martagon, véritable emblème de ce territoire.
Ainsi, la curiosité, le partage et le besoin de bouger, de partir à la découverte, sont des traits du caractère de Nicolas qui peuvent, peut-être, expliquer en partie son parcours de vie.
Nicolas Rouchon, une route sinueuse pour une vie bien remplie
Depuis cette époque, qui date du début du millénaire tout de même, Nicolas est passé par plusieurs métiers, comme boulanger par exemple, et plusieurs pays, dont le Liban, la Syrie et surtout l’Irlande, qui demeure en bonne place dans son cœur.
Toutefois, s’il nous fallait trouver un fil conducteur à tout ça, ce serait peut-être la botanique, la nature et l’environnement en général. Ainsi, si ses activités principales sont aujourd’hui de s’occuper de son jardin et de partager, via les réseaux sociaux notamment, ses connaissances, Nicolas est également un fervent défenseur de l’environnement et il milite ardemment pour la préservation et la sauvegarde des milieux naturels.
Les Jardins de Nicolas et la vallée de l’Artière
Depuis le Jardin de Nicolas, situé en rive droite de l’Artière à Beaumont dans le Puy-de-Dôme, nous sommes aux premières loges pour surveiller l’Artière, petite rivière née de la confluence entre l’Artière de Boissejour et l’Artière de St Genès Champanelle. Celle-ci, que le collectif Pixel [13] nous propose de découvrir à travers plusieurs promenades sonores souffre depuis plus d’un siècle d’une urbanisation de plus en plus prégnante et anarchique malgré une volonté affichée, au moins dans les paroles, des collectivités locales de préserver cette ressource.
Dans les faits, la rivière s’assèche régulièrement et parfois de manière incompréhensible.
Aussi, conscient que son activité est étroitement liée à l’eau mais également convaincu qu’il est primordial de tout mettre en œuvre pour que les différents usages de cette ressource vitale ne soient pas en contradiction avec la sauvegarde et la préservation de la biodiversité, Nicolas alimente régulièrement, entre autres, une page Comité de défense de l’Artière destinée à nous alerter.
Nicolas le jardinier travaille à la préservation de son territoire
Sur les bords de la rivière, Nicolas Rouchon-Roche cultive son jardin destiné à nourrir quelques chanceux de l’agglomération clermontoise et veille sur son territoire comme sur la prunelle de ses yeux.
Si vous voulez faire sa connaissance et, pourquoi pas bénéficier de quelques-uns de ses joyaux, il est indispensable de prendre rendez-vous, via la page Facebook ou son téléphone.
Commentaires
Laisser un commentaire