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L’Atelier du Vannier, vannerie et osiériculture traditionnelle

6 commentaires - 10 minutes de lecture
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Le bruit des rivières berce la vallée. Le Mars, la Sumène et le Marillou, dégringolent des Monts du Cantal au son d’une musique qui résonne aux oreilles de notre artisan et rythme le travail de ses mains. Elles serrent et tendent l’osier en suivant ce tempo, régulier, comme un métronome qui égrène le temps.

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Amoureux de l’Auvergne et de sa nature, riche et puissante, c’est à Vendes, dans le Cantal, à la confluence de ces trois cours d’eau, que Thomas Louineau, vannier, osiériculteur et créateur, a installé son entreprise artisanale, « L’Atelier du Vannier ».

L’Atelier du Vannier, création et panier en vannerie artisanale dans le Cantal

A l’origine, cet art ancien qu’est la vannerie, était essentiellement, voir exclusivement, utilisé pour le côté « pratique » des objets créés. Les paniers en osier et autres nasses servaient à ramasser, cueillir, stocker, ranger ou encore pêcher et tous les corps de métiers, ou peu s’en faut, en utilisaient. A l’image de son grand-père, qui pratiquait la vannerie pour répondre aux besoins de son métier de paysan, les vanniers n’avaient que très peu de modèles différents.

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Selon les lieux émergèrent différentes techniques de vannerie, de la méthode du « piquet » à celle sur « arceau », du « zarzo » du Danemark à la Périgourdine en passant par celles du Burkina-Faso, des Asturies ou de Catalogne par exemple.

Les vanniers n’inventent rien, ils font vivre et évoluer des techniques artisanales ancestrales.

Pour Thomas Louineau, toutes ces techniques, et plus encore, puisqu’il est aussi question d’adaptation et de liberté, comme avec la technique des entrelacs anarchiques notamment, assemblage de brins d’osier de manière un peu personnelle liée à un rapport sensitif du vannier avec la matière, lui permettent de produire aussi bien de la vannerie classique que des pièces de créations. La vannerie devenant un mode d’expression à part entière, et, pour Thomas Louineau, un lien entre l’homme et la nature.

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La vannerie et le lien avec la nature, un héritage familial pour Thomas Louineau de L »Atelier du Vannier

Si son grand-père maternel est celui qui a transmis le gène de la création à notre artisan, qui voyait son ancêtre un peu comme un sorcier, et dont l’odeur du chaudron dans lequel ce dernier faisait bouillir ses éclisses de châtaigner continue aujourd’hui à nourrir son imaginaire, ce sont ses parents, et notamment son père, qui ont fait naître chez lui ce lien indéfectible avec la nature.

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Pour eux, qui venaient des rivages de l’océan, il fallait bien une région comme l’Auvergne pour déclencher un véritable coup de cœur. Passionné de nature, pêcheur-cueilleur comme le définit Thomas, son père l’a initié très tôt à la connaissance des plantes, à l’ornithologie, à la pêche, à la nature dans son ensemble. C’est également son père, vannier amateur, qui lui a transmis ce savoir, les techniques de base. Avec lui, ils allaient récolter et tissaient dans la foulée. Il y avait une énergie avec la nature, un élan, tout était fluide. Thomas, qui a découvert la forêt avec son père, a également apprit à la tisser avec lui.

L’inspiration vient quand même toujours de la nature, tu la regardes et tu t’envoles avec. La nature dans son ensemble et les arbres te parlent, il faut juste être à l’écoute. Elle te montre des choses, des signes, des visages et en Auvergne c’est très puissant.

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Sur ce territoire magnifique qu’est le Cantal, où tu peux te perdre et marcher des heures sans voir personne, tu peux rentrer en résonnance avec la terre. Elle te renvoie ta manière d’être, elle est un écho à ce que tu es, elle t’apaise et te nourrit. Tu es relié au « grand tout », à l’univers, comme disait l’une de ses amies, c’est au-delà de toi.

Créer, c’est lâcher prise, sortir de ce que l’on connait, rien n’est une erreur, tout est un chemin. 

Toujours est-il que, même si ses origines nantaises le rappellent à l’ordre régulièrement et lui imposent, sans jamais le contraindre, de revenir écouter le bruit des rouleaux qui déferlent, c’est bien dans le Cantal qu’il s’est établi. 

Thomas Louineau, sur les traces du « sorcier » de son enfance, de l’animation à la vannerie

Après une courte expérience universitaire toulousaine, dans le but de devenir travailleur social, Thomas a rapidement abandonné au profit d’une carrière d’animateur. Pour lui, qui était déjà vannier amateur depuis l’âge de 12 ans, le passage d’un Brevet d’Etat d’Animateur et de Technicien en éducation Populaire « Environnement » fût, vraisemblablement, l’élément déclencheur pour la suite de son entreprise.

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En effet, l’animation d’atelier de vannerie, dans le cadre d’exercices d’échange de savoir-faire, la création de jardin en osier vivant qu’il faisait ensuite visiter, par des écoles par exemple, lui ouvrirent les yeux sur le fait que le métier de vannier pouvait lui permettre de réaliser l’ensemble de ses activités de prédilection. Depuis la culture du saule jusqu’à son utilisation, en vannerie traditionnelle ou pour des créations, en passant par l’animation, cette activité lui permettait de surcroit de réaliser un rêve d’enfant, effectuer un travail manuel en lien avec le vivant, avec la Terre.

En 2003, quand Thomas intégra, après avoir réussi le concours d’entrée, l’Ecole Nationale d’Osiériculture et de vannerie de Fayl Billot, il sut, quand l’odeur des salles de classes le renvoya des années en arrière, telle une madeleine de Proust, dans l’atelier de son grand-père, qu’il avait fait le bon choix.

Après 9 mois de formation et quelques marchés pour tester son travail, L’Atelier du Vannier, à Vendes, dans le Cantal, venait de naître.

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Vannerie traditionnelle ou création, l’art de sculpter l’osier de Thomas Louineau

Pour Thomas, pour qui la vannerie est un mode d’expression à part entière, la création fait partie intégrante de son activité. Créer des pièces uniques, directement sorties de l’imagination de leurs auteurs, revisiter la vannerie traditionnelle ou faire des séries d’objets utilitaires « parfaits », pour lui, tout est un art. L’important est simplement de rester soi-même, mais la création, la recherche et l’expérimentation demeurent indissociable à son activité.

Utilisant toutes ses compétences, toutes les techniques apprises à l’école, avec le temps et l’expérience, ou celles qu’il a fait évoluer, qu’il s’est approprié, notre vannier « pense » d’abord ses pièces avant de les fabriquer. Au démarrage, il y a souvent un dessin et il aime pouvoir les visualiser en « 3D » avec de débuter son ouvrage. Comme pour beaucoup d’activités, toute la réussite dépend souvent d’une bonne préparation.

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Pourtant, certaines œuvres « sortent » telles quelles de son imagination, sans vraiment de réflexion. Certaines formes, certaines idées vagabondent, évoluent, floues, dans les recoins de son cortex cérébral et finissent par prendre forme au bout de ses doigts. C’est un peu comme une naissance, ça apporte du bien-être.

Tu te réalises quand tu fais de la création, c’est un peu toi. 

Ainsi, L’Atelier du Vannier, entreprise artisanale dans le Cantal, c’est des paniers divers et variés, parfois des pièces uniques, parfois des séries tels que des bannetons de boulanger, du mobilier, des coffres, des abat-jours, entre autres, mais également, et surtout, des créations, que nous qualifierons volontiers d’œuvres, uniques et magnifiques.

Vannier et osiériculture traditionnelle, Thomas Louineau, artisan créateur écoresponsable dans le Cantal

Mettre en tension, tendre, serrer, ne jamais relâcher cette pression est très exigeant, et ceci d’autant plus en fonction de la matière utilisée. Être prêt physiquement, faire des étirements n’y suffit pas toujours comme lorsque l’on travaille le saule, fibre très exigeante qui te rappelle à l’ordre si tu n’es pas concentré sur ton ouvrage.

Pour ce travail artisanal, dont certains voudraient s’approprier les fondements en déposant des brevets sur les différentes techniques, alors qu’elles constituent un héritage, presque un bien commun que les vanniers font perdurer, la fibre végétale constitue beaucoup plus qu’une simple matière première.

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Aussi, outre les différentes essences « tissables » que la nature auvergnate met à disposition de notre vannier, du bouleau aux noisetier, en passant et passant par la ronce, le cornouiller ou le frêne, mais encore le peuplier, l’acacia, la clématite et beaucoup d’autres, sans parler des différentes écorces, il est également possible de faire ses propres plantations. L’osiériculture consiste à couper des jeunes pousses de saules qui seront destinées à la vannerie. Notons au passage que beaucoup de vannier se procure de l’osier prêt à être tissé, le plus souvent issu de l’agriculture conventionnelle, ce qui est véritablement aux antipodes des valeurs défendues par Thomas.

Cet aspect du métier, qui demande énormément de temps et d’attention, permet d’obtenir une multitude de fibres, aux couleurs et textures différentes, que notre vannier pourra utiliser à sa guise en fonction de ses réalisations. Il lui faudra, pêle-mêle, planter, faire pousser, surveiller et soigner si besoin, récolter, trier, botteler, bouillir, faire sécher, retrier, écorcer, tremper, mettre au routoir et bien d’autre opérations dignes d’un sorcier dans un regard d’enfant.

L'osier, aux formes et aux couleurs innombrables

Au final, ces fibres, que seules les mains expertes des vanniers peuvent travailler, du fait de leurs irrégularités et textures différentes, empêchant toute forme de mécanisation, permettent la réalisation de formes et de couleurs innombrables que seules les limites de l’imagination du vannier pourront limiter.

Le Mars, la Sumène et le Marillou, dégringolent des Monts du Cantal au son d’une musique qui berce la vallée. La musicalité de l’osier rythme le travail des mains du vannier qui le serrent et le tendent, en suivant un tempo, régulier, comme un métronome qui égrène le temps.

Nous habitons un paradis, mais on l’a oublié 

Découvrez les créations originales de paniers en osier

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Le Bois Flotté
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Les Entrelacs Anarchiques
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L’européen






Commentaires

Le 3 juin 2022 à 15h54, Renoir a dit :


Est il possible d avoir les adresses des lieux des artisans pour des visites directement à leur atelier lors des vacances et promouvoir leur artisanat.


Votre réponse sera révisée par les administrateurs si besoin.

Le 13 juin 2022 à 8h52, JB a dit :


Bonjour,

Beaucoup des personnes qui ont leurs produits sur L'échoppe ont des petites structures et leurs maisons sont souvent confondues avec leurs lieux de travail, je ne mets donc pas leurs adresses. Toutefois, il y a (presque) tout le temps un lien vers leur page Facebook ou leur site internet, et il est assez facile de rentrer directement en contact avec eux pour savoir si vous pouvez aller visiter leurs ateliers.

Cordialement
JB


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